Ouverture à la concurrence du TER = baisse des tarifs pour les voyageurs ?
Non, l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire ne permettra pas une baisse du prix du ticket de train pour les usagers. Le tarif du TER est fixé par la Région mais l'ouverture à la concurrence fait courir aux usagers le risque d’une augmentation du coût du billet. En effet, les acteurs privés sont souvent confrontés à des coûts d'exploitation non maitrisés qu'ils répercutent sur la région, qui à son tour répercute cette augmentation des coûts sur le prix des billets de TER.
De nombreux exemples le prouvent :
En Grande-Bretagne, l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire a entraîné une hausse de 23% des tarifs pour les voyageurs.
En Allemagne, la libéralisation du rail a entraîné une hausse du prix des tickets de 40% en l’espace de 10 ans.
En Suède, l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire a été mise en place dans les années 2000. Elle a été accompagnée d'une augmentation des coûts pour les opérateurs privés, qui ont dû investir dans de nouveaux matériels roulants et dans l'amélioration des infrastructures. Cela a entraîné une hausse des tarifs pour les voyageurs de 150%.
Ouverture à la concurrence= baisse des retards et des suppressions des TER ?
Non, le recours à des opérateurs privés ne permet pas de résoudre les problèmes de retard et de suppressions des TER. Les perturbations sur le trafic TER en Nouvelle-Aquitaine s’expliquent par des causes structurelles sur le réseaux et des événements aléatoires que des opérateurs privés ne pourront en aucun cas résoudre.
Voilà les principales causes de perturbation du traffic :
L'état du réseau ferroviaire français qui souffre d’un sous-investissement depuis plusieurs décennies, ne permettant pas de financer l’entretien, la régénération et le développement du réseau nécessaires au bon fonctionnement du transport ferroviaire. Le financement du réseau SNCF dépend de l'État, qui a longtemps délaissé l’investissement sur le trafic ferroviaire au profit du transport routier, notamment.
Les travaux de maintenance sur les lignes de TER peuvent nécessiter la suppression de certains trains ou l'ajout de correspondances pour d'autres.
Les incidents survenus sur les lignes de TER (accidents, incidents de personnes, etc.) peuvent également causer des retards ou des suppressions de trains.
Les perturbations météorologiques (intempéries, neige, etc.) peuvent également entraîner des retards ou des suppressions de trains.
Le manque de conducteurs et d’agents peut aussi expliquer certaines perturbations, conséquence directe d’une politique d’optimisation des coûts et de réduction du personnel qui a été imposée à la SNCF. C’est une logique de gestion qui s’inspire du privé et que des entreprises privées n’inverseront pas.
Ouverture à la concurrence = augmentation de la fréquence et meilleure desserte du TER ?
Non, l’ouverture à la concurrence du TER en Nouvelle-Aquitaine ne permettra pas d’améliorer la fréquence et des dessertes. En effet, les opérateurs privés s'inscrivent dans une logique de rentabilité et ne feront pas d’investissement sur les lignes les moins rentables. Pour un territoire comme la Nouvelle-Aquitaine, principalement composé de zones rurales, le risque majeur c’est de voir la fréquence des TER se réduire et la fermeture des petites gares sur l’ensemble des petites lignes de la région.
L’ouverture à la concurrence risque de créer un service ferroviaire régional à deux vitesses, l’un où les métropoles et les bassins métropolitains pourraient bénéficier d’un service performant et l’autre, où les territoires ruraux se verraient de plus en plus isolés avec la baisse du service ferroviaire.
En Allemagne par exemple, les opérateurs privés qui se sont retirés, ne pouvant faire face aux coûts d’exploitation du train, ont laissé une partie de la population sans service ferroviaire.
Ouverture à la concurrence = plus d'opérateurs = plus de choix
Non, l'ouverture à la concurrence ne permettra pas aux usagers de choisir entre plusieurs opérateurs pour faire leurs trajets comme c'est le cas dans le secteur aérien.
Chaque ligne TER ouverte à la concurrence sera confiée à un opérateur unique et l'usager n'aura pas le choix de la compagnie.
Mélanie Charavet published this page
30 jan 2023 @ 09h28