La région prend la mauvaise voie
Les risques de l'ouverture à la concurrence du TER
Mauvais timing pour la Région qui s’apprête à annoncer l’ouverture à la concurrence.
Au moment où la crise énergétique impacte directement le pouvoir d’achat des français et où l'accès aux carburants se complique pour chacun, le conseil régional annonce son choix d’ouvrir les lignes TER à la concurrence dans son document d’orientations budgétaires.
La question de la privatisation apparaît en complet décalage avec les sujets qui font l’actualité d'aujourd'hui. À l’heure de la mobilité durable, des enjeux d’aménagement du territoire ou de l’envolée du prix des carburants, la politique de transports ferroviaire est un enjeu crucial.
Un timing qui tombe mal et une vision anachronique face aux enjeux d’aujourd’hui.
Véritable levier économique, écologique et d'aménagement durable du territoire, le train est une solution d'avenir. Le conseil régional, dont les transports sont l’une des grandes compétences, a-t-il une responsabilité majeure dans les choix qui vont guider l’action publique des 10 prochaines années.
L'ouverture à la concurrence ne résout rien, l'expérience de ceux qui ont fait le choix de l’ouverture à la concurrence en témoigne :
• En région PACA, l’attribution de la ligne Nice-Marseille à Transdev a entraîné une augmentation de 38 % de subventions publiques alors que cet axe ne représente que 10 % du trafic.
• En Allemagne, l’ouverture à la concurrence a entraîné une déshumanisation du service aux voyageurs et 2 opérateurs privés, Abellio et Keolis, se sont retirés laissant l’exploitation du train régional dans un avenir plus qu’incertain.
• Aujourd’hui, l’Angleterre et la Belgique entament une renationalisation du chemin de fer. Après la catastrophique privatisation, ceux qui sont passés par là en reviennent !
• En France, l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, intervenue en 2006, n’a pas entraîné une augmentation du fret par rapport au transport routier de marchandises, bien au contraire : le fret a baissé de 50% face à son concurrent pollueur.
Avenir du train en Nouvelle-Aquitaine, que veulent les usagers ?
Pendant plusieurs mois, le Comité social et économique du TER Nouvelle-Aquitaine a invité les usagers, les élus, les dirigeants de la SNCF, les cheminots… à échanger et partager leur vision du transport ferroviaire, lors des agoras du train.
Ces débats publics ont permis de faire émerger un diagnostic, des besoins de mobilité criants et des propositions pour une politique ferroviaire régionale performante et durable.
Ces travaux sont aujourd’hui compilés dans l’Appel du rail en Nouvelle-Aquitaine.
Initié par le CSE TER Nouvelle-Aquitaine, soutenu par les associations d’usagers du trains et plus de 3 000 Néo-aquitains, cet appel invite la Région et l’Etat à investir dans une véritable politique de transport ferroviaire public, durable et au service des habitants.
A l’heure où l’urgence écologique et la flambée des prix de l’énergie appellent chacun à repenser ses modes de déplacement pour une mobilité durable et résiliente, la question de la politique ferroviaire régionale est l’affaire de tous.